Tapas y matemáticas

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vendredi, avril 16 2010

Damn !

La pseudo justification du titre de ce blog était que je devais recevoir beaucoup de visites durant mon séjour. Je résume ce qui s'est passé depuis mon arrivée :

1) Les premiers à devoir venir étaient Petit Manu et sa copine. C'était prévu pour le week-end du 28 mars. J'apprends entretemps que mon audition du CNRS tombe le 29 mars et je suis obligé de rentrer à Paris. Du coup ils viennent effectivement à Barcelone, mais je ne suis pas là.

2) Hedi devait les suivre, le week-end d'après, pour rester quelques jours. Finalement il n'a pas pu venir et a perdu ses billets par la même occasion.

3) Ce week-end devait être celui de l'invasion de la Catalogne par le CMLA: Neus, Anne et Yohann devaient venir ce matin en avion, Julie, Frédérique ce soir également en avion et Aude aujourd'hui en train. Mais il a fallu que Eyjafjallajokull fasse un caca nerveux et en foute partout avec sa lave et ses cendres :

Volcanus Merdicus

Du coup, à part Neus qui venait des États-Unis et qui a finalement pu arriver, tous les voyageurs aériens que j'attendais sont bloqués. Reste Aude qui voyage en train et ... qui est bloquée à Perpignan pour cause de grève SNCF ! Donc de 6 personnes prévues, il n'y en a qu'une seule pour l'instant. Les vols EasyJet ne sont bien sûr pas remboursés et l'auberge de jeunesse reservée n'en a rien à battre d'une éruption de volcan en Islande.

Le dernier épisode de cette saga aura lieu le week-end prochain, normalement ils sont 7 à venir. A ver.

jeudi, avril 15 2010

Concert, match, admissibilité et barbe

Quelques news en vitesse parce que je réalise que ça fait déjà une semaine sans billets.

Jeudi soir je suis allé dans au "Pastis Bar" écouter un petit concert de Nicolas, un ami à Diana-Luz. Le bar est minuscule, mais assez sympa au final. La musique c'était du jazz/swing avec une reprise originale de Brassens ; j'ai bien aimé. Le détail marrant c'est que dans ce tout petit bar je retrouve par hasard Chiara, qui était à l'INRIA il y a deux ans. Je savais qu'elle était à Barcelone mais je n'avais pas de contact, c'est quand même marrant que je tombe sur elle comme ça ! Quant à Nicolas (le musicien), ben il a fait le M2 MVA à Cachan il y a deux ans et connaît donc Nicolas (du CMLA cette fois).

Samedi soir, j'ai assisté au match Real/Barça, dans un bar, en ville. Messi marque un but, suivi d'un autre par je ne sais plus qui. Le Barça gagne. L'ambiance est là et Barcelone crie sa joie.

Des news un peu moins heureuses hier. Les résultats d'admissibilité commencent à tomber. Après mon échec (prévisible) au CNRS voilà que je ne suis même pas auditionné à Orsay :|. Par contre pour P6 ça passe, cool.

Le stress s'installe doucement. J'espère que je ne vais pas trop blanchir.

Au pire, je remettrais mon costume de thèseroriste :

Barbz

Je suis tombé sur cette photo il y a quelques jours, elle date de septembre. J'ai eu peur en la voyant. Donc j'en veux un peu moins aux petites dames âgées qui avaient peur de moi dans le bus.

mercredi, avril 7 2010

Mots, énigme, honte et 917,50€

Yo.

Quand on apprend une langue alors qu'on en connaît une autre on a la manie naïve de vouloir connaître la traduction exacte ou approximative de chaque mot même si j'ai l'impression que d'une certaine manière on pourrait s'en passer.

Je vais donner quelques exemples bien concrets qui j'espère vont transformer le charabia précédent en une pensée claire et bien exprimée. Prenons le mot que j'entends le plus souvent ici : "vale" [*]. En arrivant ici j'ai rapidement compris quel était l'usage du mot, sans pour autant savoir précisément ce qu'il voulait dire. En réalité, j'aurais pu m'arrêter là : je savais dans quel contexte l'utiliser. Mais de fait, on ne fonctionne pas comme ça, on n'apprend pas la langue uniquement par l'intermédiaire de sons abstraits, il semble que l'on ait besoin de se constituer son propre "dictionnaire". Ou peut-être devrais-je dire on ne fonctionne plus comme ça. Lorsqu'on était petit et qu'on n'avait aucune langue sur laquelle s'appuyer, notre mécanisme d'apprentissage était fondamentalement différent il me semble. On entendait un son à l'occasion d'un évènement ou en description d'un objet, on l'associait à la situation et basta. La plupart des mots trouvent ensuite leurs sens à l'appui d'autres mots (dans un cercle auto-contenu de définitions qui me fait déjà tourner de l'oeil) mais parfois ils restent juste au stade de "sons" qu'on prend l'habitude d'utiliser sans en comprendre réellement l'étymologie, vestiges linguistiques de cette époque d'apprentissage primaire. Par exemple je n'ai réalisé que très tard (je ne me souviens plus quand) le sens littéral de "s'il vous plaît". J'utilisais la formule toute faite (parce que ma maman et mon papa m'ont bien appris), je comprenais tout à fait ce que ça voulait dire mais un jour j'ai pris conscience que mon "silvouplè" n'était rien d'autre que la forme conditionnelle du verbe "plaire" à la troisième personne du singulier. Il arrive aussi que notre imaginaire d'enfant prenne le pas et invente une signification propre et détaillée du son qu'on utilise, voici quelques exemples.

[*]: Pour le coup je donne la traduction littérale : "bon" d'après le dictionnaire, ou "valide". Dans l'usage c'est l'équivalent d'un "OK".

Bref, si je parle de tout ça c'est précisément parce que mon apprentissage de l'espagnol ne se passe pas de cette manière ! Je traduis donc littéralement ce que j'entends (quand je peux). Pour dire "désolé" en espagnol, une forme courante est "lo siento". Ça m'a tout de suite interpelé parce que en français ça donnerait : "je le sens", comme, "je sens mon erreur", "je sens ma faute". Et le plus drôle c'est qu'en parlant avec José tout à l'heure, je me suis aperçu que cette expression était précisémment un de ses vestgies linguistiques (à José) dont je parlais plus haut: il m'a avoué n'y avoir jamais pensé de cette manière-là.

Alors justement, tant que je parle de José ! Je ne sais plus comment on en est arrivé à se poser des énigmes, et comme il était bien calé sur le domaine, je lui ai posé la plus dure que je connaisse (merci Amic), celle des boîtes. Je mets l'énoncé :

Un homme maléfique détient 100 prisonniers. Il attribue à chacun des prisonniers un numéro entre 1 et 100 (sans répétitions). Dans une grande salle il place 100 petits récipients dans chacun desquels se trouve un numéro, également entre 1 et 100 (sans répétitions). Il annonce alors l'épreuve à ses prisonniers. Chacun d'entre eux devra rentrer dans la pièce et aura droit à cinquante essais (i.e. ouvrir cinquante boîtes) pour trouver la boîte contenant son numéro. Si ne serait-ce qu'un seul des prisonniers ne réussit pas au bout des cinquante essais, les 100 prisonniers seront tous exécutés dans d'atroces conditions que ma pudeur refuse de décrire sur ce blog. Il leur laisse cependant une journée pour convenir d'une stratégie sachant qu'une fois celle-ci convenue, ils n'auront plus aucun moyen de communication (le déplacement subtil des boîtes ou autres crachats sur le sol pour prévenir les collègues ainsi que toutes les blagounettes équivalentes sont bien sûr interdits). Le but de l'énigme est alors de déterminer une stratégie qui permettrait aux prisonniers de tous (de toutes façons c'est du tout ou rien) s'en sortir vivants avec une probabilité d'au moins 30%. Les prisonniers sont bien évidemment tous dotés d'un QI de 840 environ et d'une mémoire eidétique.

Pour bien comprendre que la tâche demandée n'est pas évidente, imaginez trente secondes que les prisonniers ne parviennent à convenir d'aucune stratégie et décident de choisir les cinquante boîtes au hasard. Les choix étant totalement indépendants, cela veut dire qu'ils auront (½)⁵⁰ chances de s'en sortir, soit environ 8.8817842×10-¹⁶ d'après la calculatrice de google. Monter jusqu'à une probabilité de 0.3 constitue donc un véritable challenge.

José était tellement surpris du résultat qu'il m'a proposé d'écrire une petite routine Matlab pour vérifier qu'une telle stratégie marche effectivement; il ne voulait pas encore avoir la réponse mais voulait confirmer par l'expérience. Il a donc codé tout ce qu'il fallait au niveau boîtes/prisonniers/choix et il ne me restait plus qu'à coder la stratégie pour qu'il l'utilise le code en question sans en lire les lignes. J'ai eu un moment de doute quand il a lancé la première simulation. Tout d'abord parce que j'avais peur de m'être trompé dans le code, et puis je n'avais jamais vraiment fait l'expérience. Du coup, bien que connaissant la preuve du résultat (ma foi mathématique a ses limites apparemment), j'avais un ptit doute. Et là, bim ! Ça marche comme prévu. Pour ceux qui connaissent la démonstration, ça n'a rien de surprenant mais je dois dire que de voir la stratégie à l'oeuvre pulvériser le score aléatoire, en montant jusqu'à 0.3 en moyenne, ça m'a permis d'encore plus apprécier ce petit bijou.

Bon je me rends compte que c'est le deuxième billet g33k consécutif que j'écris, je vais donc passer à autre chose avant de faire fuir le peu de lecteurs qu'il me reste.

Hier je me suis tapé une honte/shame/7shouma comme il ne m'était pas arrivé depuis longtemps et comme je suis foncièrement généreux, je partage ça avec vous. Je suis allé à la piscine un peu tard (vers 22h) et je suis sorti bien crevé. Il fallait encore que je me tape le retour à pied jusqu'au studio (bien quinze-vingt minutes avec pente/escalier) et j'étais un peu chargé. Il faut savoir que quelques fois, dans ces moments de grosse flamigue (flemme et fatigue à la fois), il m'arrive de craquer un peu (tout petit peu)... Le truc c'est que normalement le chemin sur lequel j'étais est désert à cette heure-là. J'étais donc convaincu d'être seul. Dans un mélange de craquage et, disons-le, d'espoir, je tente alors un Shunkan Idō. "Gné ?" me direz-vous. C'est tout droit sorti de DBZ et ça permet à San Goku de se déplacer où il veut instantément (ça m'aurait bien arrangé à ce moment). C'est pas tout à fait discret comme geste :

sangoku.jpg

surtout quand on l'associe d'un petit cri (oui j'ai fait ça) et que ... et que un groupe de jeunes est justement à 20 mètres devant moi, complètement morts de rire. VDM comme on dit.

Heureusement ma journée se termine par un joli petit mot glissé sous ma porte par l'accueil de la Villa 2 (là où j'habite). L'écriture, jolie, ronde et appliquée m'annonce gentiment (manque plus que des petits coeurs) :

"Good morning Ayman ; I remember you that there are 917,50 € which you should pay for before 8th April. Greetings !"

Gloups.

dimanche, avril 4 2010

Polyèdres, Zendo et daltonisme

Comme je le disais dans l'un de mes premiers billets, je partage un open-space avec Daniel, un thésard en géométrie. Au milieu de tous les papiers étalés sur son ses bureaux, j'ai aperçu des petits polyhèdres réguliers qu'il a lui-même fabriqués. Dans l'ensemble je les trouve bien faits et je dois dire que je suis toujours admiratif de ce genre de tâches qui demandent autant de patience que de soin.

Petit rappel/définition pour ceux qui ne connaîtraient pas. Les polyèdres réguliers sont des objets géométriques ayant toutes leurs faces et leurs arêtes identiques (à rotation/translation près). Ce sont les analogues des polygones réguliers du plan (côtés de même longueurs): triangle équilatéral, carré, pentagone, hexagone ... mais en trois dimensions. Alors que la liste précédente ne s'arrête pas, il n'y a que 5 polyèdres réguliers dans l'espace: les solides de Platon: tétraèdre, cube, octaèdre, dodécaèdre, icosaèdre.

On commence gentiment avec Mister Cube :

Cube

Un dodécaèdre un peu cabossé :

Dodé

Et le plus beau, l'icosaèdre :

Ico

Il est fréquent de pouvoir "caser" un polyèdre régulier dans un autre. Typiquement en prenant le centre des faces et en les reliant on tombe sur un autre polyèdre régulier. Quand on fait ça avec le cube, on obtient un octaèdre par exemple.

Daniel m'expliquait que durant un cours, un prof avait demandé d'insérer un icosaèdre dans un octaèdre. J'imagine la tête du prof quand Daniel est revenu à la séance d'après avec ça :

Ico dans l'octa

J'ai essayé de prendre le même angle de vue que la photo précédente (pour l'icosaèdre). Si il avait simplement relié les centres des arêtes, ça ne pourrait pas fonctionner: l'une des faces obtenues aurait été carrée et il n'y a pas de carré parmi les faces de l'icosaèdre. Quand je lui demande quelle est donc la proportion qui permet de construire ça il me dit que c'est le nombre d'or :)

Bon et pour dissiper tout malentendu: ce n'est pas parce que Daniel fait une thèse de géométrie qu'il s'est retrouvé à fabriquer ces petites figurines ! Il a juste eu un cours sur le sujet. Je dis ça parce que parfois quand quelqu'un essaie de deviner ce qu'on peut faire durant une "thèse de maths", il s'imagine que je fais plein d'additions/soustractions/divisions... Dire que le boulot d'un géomètre consiste à caser un icosaèdre dans un octaèdre est aussi réducteur.

Bon et pour continuer sur les formes géométriques, j'ai initié quelques personnes du laboratoire à Zendo :

Zendo_flat

C'est un jeu assez simple ou l'un des joueurs décide d'une règle (par exemple "autant de cônes rouges que de jaunes") pendant que les autres essaient de deviner la règle à l'aide d'exemples/contre-exemples. Globalement le jeu a bien plu même si on s'est aperçu durant la première partie que Jesùs (détenteur de la règle à ce moment-là) est Daltonien :)

jeudi, avril 1 2010

Carte de séjour, calçots, nègres et promiscuité

Ouuuuula, un bon moment que je n'ai rien posté ! Et pourtant il s'est passé un certain nombre de choses depuis la dernière fois. Du coup je ne sais pas par quoi commencer. Peut-être par le coup de la carte de séjour, c'était quand même rigolo.

En bon citadin que je suis, la vie sans téléphone portable m'est rapidement devenue difficile et je suis donc allé m'acheter un numéro. Je ne vais bien sûr pas le laisser sur ce billet, mais sachez qu'ici un plan drague de lascar commençerait se terminerait par "Dame tu seis?". En allant manger chez Meson David (un bon ptit resto qu'on ma conseillé, merci Alexis et Anne !), j'avais repéré une petite boutique "PakPak" qui faisait justement dans le telecom bon marché. Après un rapide échange en espagnol approximatif (autant lui que moi), je découvre que mon interlocuteur pakistanais parle arabe, un arabe un peu spécial mais ça nous a permis d'avoir plus de vocabulaire en commun. Il baragouinait aussi un tout petit peu de français. Donc on a continué à converser en franco-arabgnol, jusqu'à qu'il me demande une pièce d'identité pour pouvoir me faire mon numéro. Je lui sors ma carte d'identité française, celle qui date de 2001, qui sent bon le consulat du Caire et sur laquelle je ressemble à Roger Hanin aux dires de certains. Il la regarde, la retourne et la reregarde, mais il n'est pas convaincu. Il me lance un "Artéséjour" et ce n'est que quand je lui demande de répéter que je comprends que je suis en train de me faire demander ma "carte de séjour en France" par un Pakistanais qui vit en Espagne. Je lui explique que "je suis français" (dédicace au Cairottes) et que ça, c'est ma carte d'identité. Il sourit, toujours aussi peu convaincu et accepte finalement de m'attribuer mon numéro. J'aurais aimé pouvoir immortaliser toutes les réactions que les gens ont pu avoir face à cette carte d'identité. De l'examinateur des oraux des Mines qui m'avait sorti (en prenant un accent arabe) "Elle vient du pays celle-là !" en 2003, en passant par les caissières franprix et FNAC qui la recopiaient dubitatives quand je payais par chèque, jusqu'à ce contrôle d'identité pakistanais d'il y a 10 jours. Ma carte d'identité "en carton" n'a plus qu'un an de validité, après ça j'en aurais une toute plastifiée et asceptisée et on ne me regardera plus bizarrement (il me reste ma couleur de peau hein, quoique...).

Sinon, la semaine dernière, Jésus (un thésard du labo) nous a invité à un barbecue chez un ami à lui. Ça se passait dans une grande maison de famille, en périphérie de la ville. Idéal pour ce type de journée ! En plus, en ce moment c'est la saison des "calçots". Mais qu'est-ce donc qu'un calçot ? Alors, en gros, vous prenez des bulbes d'oignons tout juste arrachés de la terre, vous les mettez au dessus de la braise (avec la terre et tout) :

Calçots

et vous les laisser cramer une quinzaine de minutes de chaque côté:

Calçots qui grillent

Après, ça se mange en accompagnement de la viande également grillée avec la braise. Vous tirez un coup sec par le bas et là c'est magique : il ne reste que l'intérieur du bulbe qui a eu tout le temps de fondre. Vous trempez ça dans une sauce orangée épicée et miam. C'était vraiment sympa cette journée du coup, et ça a été une occasion de rencontrer d'autres espagnols.

Une américaine, Alicia, également en séjour au labo, était de la partie. Alors qu'on discutait, il s'est passé un truc assez étrange qui m'a rappelé à quel point d'une langue à l'autre un même mot peut-être particulièrement violent. On discutait littérature et José Alfredo (un chercheur du labo) nous parlait d'un livre d'Agatha Cristie qu'il ne me semblait pas avoir lu: And Then There Were None. Mais comme il nous décrivait l'histoire, je me suis aperçu qu'il parlait en fait des 10 petits nègres. Et c'est à ce moment là qu'il me dit (nous parlions en anglais): "Yeah, the title changed in the USA, it used to be called Ten Little Niggers". Là-dessus Alicia a juste sorti un "This is really a bad word" ou quelque chose dans le genre, et est partie s'occuper de la braise car elle ne pouvait vraisemblablement pas supporter une discussion là-dessus. José Alfredo m'expliqua alors qu'il avait déjà essayé d'en parler avec elle hier et qu'elle avait réagi de la même manière. Le mot "nigger" pèse apparemment trop lourd dans la culture américaine (je réalise que je généralise extrêmement en disant ça). C'est marrant parce qu'autant en arabe (du moins, en Égypte) je peux tout à fait imaginer cette situation (une jeune fille qui s'éloigne parce qu'elle entend des mots qui ne lui plaisent pas) autant en français ça m'a l'air plus dur à réaliser. De manière plus générale, en Égypte les gros mots sont en général proscrits dès qu'on est dans un cadre un tant soit peu formel (en face de quelqu'un de plus âgé que nous, en face des parents), alors qu'en France j'ai l'impression que les gens sont plus relax (qui n'a prononcé le mot "putain" devant ses parents me lance la première pierre).

Toujours en parlant de vocabulaire, j'ai appris à mes dépends que le mot "promiscuity" est un vrai faux-ami. Alors que la racine latine est évidemment la même qu'en français, il faut le comprendre dans le sens coucher avec tout le monde/avoir plusieurs partenaires alors qu'en français la "promiscuité" est plutôt synonyme de proximité entre individus d'une même population. La promiscuité peut donc être la cause de la promiscuity, mais les deux sens ne sont clairement pas équivalents ! Il faut que je revoie mon interprétation de la chanson éponyme de Manu Chao ..

Je m'arrête là et j'essaierai de poster plus souvent, là ce n'est pas vraiment de ma faute, j'ai du me retaper un aller-retour sur Paris pour cette "audition" du CNRS.

mardi, mars 9 2010

Orientation, promenade et tempête

En raison d'un petit problème technique, je n'ai pas pu poster depuis samedi. Par ailleurs je rentre à Paris durant quelques jours pour envoyer ces p*tains de dossiers de candidature et je reviens dans une semaine, d'ici là.. pas de billets ! Donc là j'en fais un pleeeeeeeeein de photos.

Avant d'arriver à Barcelone j'ai pris le soin de demander à ma banque si je payais quelque chose à chacun de mes retraits d'argent ici. Bien évidemment c'est le cas (aux alentours de 5% je crois), sauf pour les banques Barclays. J'ai donc d'abord trouvé une banque Barclays ici (le point rouge) :

Barclays

et comme il faisait très beau samedi, je me suis dit que j'allais faire une petite balade de la Plaça Catalunya jusqu'à la banque et que je verrai bien après. Je me voyais déjà profiter du beau temps tranquillement jusqu'à la banque :

Bien évidemment, les choses ne sont pas toujours aussi simples que prévues, aussi au lieu de faire ce qui précède, j'ai plutôt fait quelque chose comme ça :

Il n'est pas donné à tout le monde de faire un périple pareil pour un trajet aussi simple. Cela n'aurait bien sûr pas été possible sans mon sens particulier de l'orientation, mais l'itinéraire précédent doit également beaucoup à plusieurs JNSPDJSP que j'ai rencontré sur mon chemin. Comment ? Vous ne savez pas ce que c'est ? Les "Je Ne Sais Pas Dire Je Ne Sais Pas" existent pourtant dans chaque ville [*]. Vous savez bien: vous êtes perdus, vous cherchez une rue bien précise ou un centre commercial ou bien que sais-je encore, et là quand vous demandez votre chemin à quelqu'un, la personne vous répond avec tout plein d'aplomb "La rue des pets qui chantent? Oui, bien sûr: vous prenez la cinquième à gauche et vous y êtes, vous ne pouvez pas vous tromper". Quelques minutes après seulement, vous vous rendez compte que l'indication était au mieux incomplète au pire complètement fausse. Plutôt que de répondre "Ah vraiment, je n'ai aucune idée", on vous sert une information sortie de nulle part. Note pour les égyptiens qui me lisent: de manière beaucoup plus générale notre pays regorge de ressources de ce type.

[*]: Il n'aura pas échapé aux plus g33ks d'entre vous que ces sales bêtes ne peuvent même pas se définir.

En tout cas ça m'a permis de faire un joli petit tour de la ville.

Sur la Rambla qui part de la place Catalunya, j'ai pu voir un faux-sosie de Ronaldinho :

Ronaldinho

Au moment où je prends la photo il venait de faire son dernier "tour du monde". La Rambla est remplie de pleins de mimes/jongleurs/statutes humaines. Globalement les personnages sont assez bien fait !

Je suis ensuite passé devant le marché de la Boqueria :

Boqueria

rempli d'étalages qui donnent envie de manger sainement :

Fruits

on peut acheter sa petite barquette de fruits frais à grignoter à 1€, pas mal du tout ! Un peu plus loin dans mon périple, près de Barceloneta, je n'ai pas pu résister à l'envie de prendre cette photo :

Ça roule ?

le pauvre gars qui va retrouver sa roue toute seule... Cycliste citadin, n'oublie jamais la règle d'or : toujours attacher son vélo par le corps !

J'ai également croisé une troupe de capoeiristas, mais ils n'étaient pas particulièrement fameux (et un plombier se cachaient parmi eux):

Capoeira

Ma petite balade s'est achevée à la Sagrada Família qu'on aperçoit de beaucoup d'endroits à Barcelone. Elle se dresse comme ça, imposante, au milieu des grues :

Sagrada

En vrai, c'est 'achement impressionnant. J'ai pas le temps maintenant car je dois aller voir José Antonio, mais il faudra que je vous parle des envolées architecturales de cette ville, les styles qui se confrontent et les beaux bâtiments qui poussent de nulle part.

Avant-hier, il y a eu une petite tempête de neige, si bien que le campus c'est transformé en station de ski :

Ski_1

La neige a fondu en 24h mais je crois que c'est assez rare dans le coin. Lundi (jour de la tempête), alors que la neige commençaient un peu à s'accumuler, les gens hallucinaient en regardant par la fenêtre. Un peu plus tard, vers 15h, un type est venu dans mon bureau me dire "on nous a appelé, il faut évacuer l'université !". Je lui explique que je peux difficilement aider à "évacuer", alors que je suis logé sur le campus. Il me regarde comme si on était dans un film et que je venais de lui dire "Non, allez y sans moi, ma place est ici", et il est s'en va. Du coup je suis resté et j'ai quitté le labo vers 19h00 avec l'impression d'être seul au monde tellement le campus était bien "évacué"..

samedi, mars 6 2010

Inundación

Cette nuit, vers 4:00 du matin, alors que je dormais paisiblement dans ma chambre, je me suis fait réveiller par des voix. Deux voix de filles qui semblaient venir d'une des pièces alentours, mes voisines quoi. J'avais l'impression qu'elles discutaient de maths (ça s'était probablement un mix avec un rêve que je faisais), mais elles parlaient très fort. En fait elles parlaient tellement fort que je n'arrivais vraiment plus à m'endormir. C'était assez fou parce que c'était audible au point que j'avais l'impression qu'elles étaient dans la pièce. J'ai bien dû me répéter trois fois "mais quelle isolation sonore de m*rde ces murs" ! Tout ça (20 minutes facile depuis mon réveil) se passait alors que j'avais rabattu la paroi coulissante qui permet d'isoler les deux lits du reste de la pièce. À un moment, en regardant la paroi, j'avais l'impression de voir de la lumière qui allait et venait. Là ça faisait quand même beaucoup, normalement la lumière ne passe pas au travers des chambres, isolation mauvaise ou non ! Je me lève (mais toujours convaincu que la discussion se passe à côté) et quand j'ouvre la cloison, deux filles équipées de lampes torches m'éclairent le visage et elles ont l'air aussi surprises que moi. J'ai à peine le temps de demander "Qué pasa?" que j'entends mon pied faire "plouf" dans l'eau, en même temps que l'une d'entre elle me dit "Hay una inundación !". L'alerte a été donnée par des voisins d'en dessous qui commençaient à être innondés aussi. Je réalise alors qu'effectivement l'intégralité de mon studio est trempé (bien 5mm de flotte). Apparemment une canalisation a cassé au dessus de ma chambre. On me file de nouvelles clés et on m'explique qu'une équipe va venir réparer dans quelques minutes, mais que durant le WE j'aurais deux apparts (si seulement j'avais eu des visiteurs :) ). C'est dur de montrer à quel point le sol était mouillé sur une photo, mais voilà ce à quoi ressemblait le couloir (et le reflet n'est pas dû à la propreté du sol) :

Couloir miroir

Après discussion avec le gestionnaire de la résidence ce matin, j'ai dû déménager car l'intervention allait peut-être s'étaler sur plusieurs jours durant lesquels je n'aurais pas eu l'accès à l'eau. Du coup me voilà dans une nouvelle chambre, un étage en dessous, avec une meilleure vue mais un ajancement de la pièce un peu différent.

C'est marrant parce qu'en 2003 il m'était arrivé la même chose au bâtiment G, sauf que j'avais appris la nouvelle au matin grâce au morceaux de faux-plafonds moisis qui étaient tombés à côté de mon Nesquick et il n'y avait pas eu de changement de chambres.

C'était assez ch*ant de déménager, mais je m'estime heureux: je n'avais laissé aucune affaire traîner par terre alors qu'il m'arrive souvent de considérer que le sol est un meuble comme un autre..

Bon allez, je file, j'ai une ville à visiter !

mardi, mars 2 2010

Mémoire

Aujourd'hui en allant faire les courses il m'est arrivé un truc assez spécial. Je suis à la caisse et la caissière vient de m'annoncer le prix. Je lui dit que je veux payer "con la tarjeta", et elle me tend donc le boîtier avec le pavé numérique. Au moment précis où je tape mon code, j'ai une impression bizarre. J'appuie sur "ok", et là biiiiip, erreur. L'impression bizarre était là : ce n'était pas du tout le bon code. Et là impossible de me souvenir rappeler [*] de mon code de carte bleue. J'ai beau réfléchir comme je peux, rien. Je refais un essai, presque au hasard, encore faux. J'ai abandonné là, les gens commençaient à s'impatienter et heureusement j'avais un peu de liquide sur moi. En sortant du magasin, je continue de réfléchir puis tout d'un coup mon code me revient. C'est quand même vraiment flippant comme expérience. Ne pas se souvenir de quelque chose qu'on avait jamais oublié auparavant !

Du coup, après une courte période hypocondrialzheimiaque, je suis allé flâner sur le net en essayant d'apprendre quelques trucs sur la mémoire. Je suis tombé sur cet article intéressant, dont je me permets d'extraire un bout et qui explique ma rature [*] ci-haut :

Nous n’avons pas de disque dur interne. Se rappeler, c’est recréer. Et nous ne nous souvenons pas d’un évènement, nous nous rappelons la dernière fois que nous nous en sommes souvenus, ce qui est bien différent. C’est que semble montrer la fameuse expérience “d’effacement des souvenirs” de Nader, Schafe et LeDoux. On a dressé des rats à associer deux stimuli, dans la bonne tradition pavlovienne : par exemple un bruit de cloche et une stimulation électrique. Puis on a laissé mariner les malheureuses bêtes pendant 45 jours, afin de les laisser bien intégrer cette association dans la “mémoire à long terme”. Ensuite, on a réactivé le souvenir en utilisant le premier des deux stimuli. Immédiatement après, on a introduit dans le cerveau du rat un produit chimique effaçant la mémoire à court terme. Le rat était donc incapable de se souvenir de ce dernier évènement. Pourtant, après l’expérience on découvrit que les rats étaient amnésiques. Ils avaient oublié l’association entre les deux stimuli, faites 45 jours plus tôt. En supprimant leur dernier souvenir, les rongeurs avaient perdu la trace de leur souvenir plus lointain.

Pour Jonah Lehrer, journaliste à Seed Magazine et auteur du brillant Proust was a neuroscientist, ce genre d’expérience confirme l’intuition de Proust qui considérait la mémoire non comme un entrepôt d’informations statiques mais comme une constante réactivation et recréation de l’expérience. Comme il l’explique, “cela nous montre que chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, la structure neuronale de la mémoire est délicatement transformée en un processus nommé reconsolidation (Freud appelait ce processus Nachtraglichkeit ou “rétroaction”). La mémoire est altérée en l’absence du stimulus original, elle est de moins en moins concernée par ce dont vous >vous souvenez et de plus en plus par vous-même”.

La manière dont je le comprends est la suivante. Prenons par exemple l'anecdote que j'ai utilisée pour inaugurer ce blog, qui s'est passée il y a une semaine. Tout de suite après l'incident j'avais un souvenir (là je crois que c'est vraiment le mot) vif de ce qui venait de se passer, les images que je me repassais dans la tête, les dialogues que je refaisais éventuellement étaient ceux que j'avais vécu. Un peu plus tard, par exemple lorsque j'ai voulu coucher tout ça par écrit pour ce blog, je ne me suis pas souvenu des évènements cette fois, je me suis rappelé la dernière fois que j'y ai pensé. Et bien sûr, quelques détails ont pu éventuellement être rajoutés/enlevés puisque ce dernier rappel est forcément relié à l'endroit/le moment où il a eu lieu. Et on itère bien sûr cela à chaque rappel qui suit. C'est pour moi tout le sens de la dernière phrase de la citation précédente. Je me suis d'ailleurs fréquemment rendu compte que mes souvenirs s'altéraient effectivement. Vous savez quand par exemple vous avez un souvenir très lointain mais dont vous êtes absolument convaincu, dans les moindres détails. Un jouet que vous aviez quand vous étiez petit par exemple. Et puis là, pour une raison donnée, vous vous retrouvez confronté à l'objet du souvenir et vous vous rendez compte qu'il ne répond pas fidèlement au souvenir que vous vous en étiez fait. Beaucoup de détails se retrouvent, mais il y a "du bruit". Si effectivement on ne faisait que se souvenir (en "stockant" en mémoire) d'un même et unique évènement, pourquoi nos souvenirs seraient-ils peu à peu modifiés?

Je vais m'arrêter là avant de perdre les quelques lecteurs courageux qui m'ont suivis jusqu'ici. Une chose est sûre, demain je mange ne mange pas forcément du poisson.

dimanche, février 28 2010

Immersion, culture, alcohol y jamón

Hier soir, je me suis tapé l'incruste dans un dîner. Bon, en vrai ça n'avait rien de ça car j'y étais grâce à Manu, le cousin de Philippe qui habite ici, depuis près de 9 ans je crois. C'est juste qu'en arrivant, deux personnes s'occupaient déjà de faire la cuisine et une troisième nous servait des tapas ! Je remercie vraiment Manu car ce ne fut rien de moins que ma première immersion sociale dans la vie barcelonaise. Du coup j'ai pu travailler mon espagnol (un peu). C'est fou comme le fait d'apprendre une langue donne vraiment la sensation de découvrir une autre culture. Ce que je vais dire est sûrement d'une banalité sans nom mais en dehors de l'aspect utilitaire de la langue (comme moyen de communication), je trouve que ça aide vraiment à comprendre et apprendre une nouvelle culture, presque autant que le fait de vivre dans le pays en question. Je dis ça parce que je me souviens qu'au Caire il pouvait arriver que des "expat'" n'apprennent pas un mot d'arabe, too bad pour eux.

Pero volvemos a nos borregos (oula, il est sorti tout seul celui-là). Notre hôte est Franz, un belge qui a vécu dans pas moins de 10 pays différents (incluant l'égypte !), et qui est installé à Barcelone depuis 5 ans. L'ambiance est assez cosmopolite (allemano-hollando-franco-catalano-egypto-belge pour être exact), mais vraiment très sympa.

À un moment donné, comme cela m'arrive très souvent lorsque je rencontre des gens à l'occasion d'un dîner ou d'une fête, j'ai été contraint d'avouer une de mes habitudes alimentaires : "Et non, je ne bois pas d'alcool". Je m'attendais déjà à recevoir la pluie habituelle de remarques : "Ah bon ? Jamais ? Mais genre ... jamais, jamais ?", "Et du coup, tu n'as jamais été saoûl ??" et tutti quanti ... C'est pas grave, en 8 ans j'ai appris à répondre de manière semi-automatique : "alcool ... lubrifiant social ... pas une nécessité ... le rire probablement découvert avant la cuite ... et puis tradition ... peut-être qu'un jour j'essaierai ... blabla". Mais cette fois-ci je n'ai pas eu besoin de mon artillerie explicatoire. Certaines de mes réponses sont même apparues toutes seules dans la bouche de mes interlocuteurs. Mais, car il y a un mais, quand j'ai annoncé mon deuxième axiome (qui va pourtant souvent de pair avec le premier) : "Je ne mange pas de porc", là par contre il n'était plus question de tradition ni de quoi que ce soit ! Il fallait à tout prix que je goûte le "jamón" de je ne sais plus quel région et l'élan de compréhension qui avait précédé avait soudainement disparu. C'est marrant comme en France c'est plutôt l'inverse. Le fait que quelqu'un ne mange pas de porc est plus ou moins acquis, mais ne jamais boire une goutte d'alcool ça épate vraiment plus. Je pense que c'est à mettre en parallèle avec le comportement, souvent contradictoire [*], de personnes de confession/tradition musulmane : je bois de l'alcool, mais je ne mange pas de porc (j'ai pas souvent vu l'inverse). Je ne sais pas pourquoi certains aspects de la religion se transforment plus facilement en tradition que d'autres (le jeûne durant ramadan, ça m'a aussi l'air d'être le cas).

Vale, comme ils disent ici, je vais faire du ménage et profiter du beau temps !

[*]: Je ne m'exclus pas de cette classe de comportement ! De manière générale je dirais que les traditions sont peu (jamais) rationnalisables et conduisent à des comportements parfois absurdes.

samedi, février 27 2010

Perdrera et spaguilis

Hier soir, première soirée à Barcelone. Avec Martial, un chercheur invité (qui est repartit aujourd'hui), on est allé faire un tour du côté de la Rambla, le quartier est vraiment sympa mais bourré de touristes. C'est un peu les Champs-Élysées, mais en piéton, et ça relie l'une des grosses places de la ville au port.

C'est frappant parce qu'on trouve dans le quartier des magasins un peu chicos (comme aux Champs, justement), mais en rentrant dans les petites ruelles on se retrouve rapidement dans des quartiers plus authentiques.

Avant de manger, on est allé faire un tour à la Perdrera, un bâtiment de Antoni Gaudí, célèbre pour son architecture improbable. Je suis peut-être inculte en disant ça, mais je ne l'ai vraiment pas trouvée exceptionnelle, à part la belle vue d'en haut. L'appartement d'époque n'est pas sensationnel et on ne peut visiter que 2 étages sur 5, et j'ai même pas pu prendre de photos pour cause de batterie..

Pour le premier dîner en ville (et le dernier pour Martial), on voulait manger typiquement espagnol. Je ne sais pas comment on a fait pour se retrouver dans ce restaurant basque, mais bon. J'y ai commandé des "gulis", qui ressemblaient à des spaghettis. En les mangeant j'avais tout de même la sensation étrange d'avoir affaire à du poisson.

En demandant à la serveuse, j'ai finalement compris que "guli" était le mot basque pour dire "anguille". Miam. Mais c'était pas mauvais.

mercredi, février 24 2010

Logement, boulot et catalan

Avant que j'oublie : normalement, les commentaires fonctionnent maintenant ! Désolé pour la boulette.

Comme promis je décris un peu plus ma situation ici, avec photos à l'appui.

Alors tout d'abord, le logement:

Chambre Vue 1

Comme vous pouvez le constater c'est en fait un logement pour deux personnes, donc je n'étouffe pas.

Chambre Vue 2

La boîte qu'on voit sur la deuxième photo, c'est mon "Welcome Pack" qui contenait tout ce dont on peut avoir besoin au moment de l'emménagement : de quoi se faire un dîner, savon/shampoing, même des céréales pour le petit déj'.. Rien à voir avec mon accueil au bâtiment G du CROUS, à l'époque :)

Concernant le boulot, comme certains d'entre vous le savent je suis à l'Universitat Autònoma de Barcelona, assez éloignée du centre-ville. C'est à peu près l'équivalent d'Orsay, mais les trains sont omnibus, donc le trajet plus long. À en croire José Carrillo (le professeur qui m'accueille ici), l'université date des années '70 où, sous couvert de décentralisation, le gouvernement éloignait en fait les étudiants et les "têtes pensantes" du centre-ville..

Je suis donc accueilli au département de mathématiques de l'UAB, et José m'a proposé de m'installer avec des doctorants, dans un "open space". J'étais assez partant, vu que c'est une manière facile de rencontrer de nouvelles personnes, d'autant plus qu'en entrant dans la salle, même si elle était vide, 9 bureaux sur 10 semblaient occupés. Étrangement tous ces étudiants semblaient travailler sur le même domaine: flot de ricci, hamiltonien. Bon en fait, c'est normal, je n'ai qu'un seul co-bureau: Daniel, géomètre de son état, qui m'explique que comme il n'y a jamais personne, il a un peu pris l'habitude de s'étendre (je le comprends tout à fait).

À propos des maths que je vais faire ici, j'en parlerai peut-être une autre fois, mais j'ai eu droit à une drôle de coïncidence concernant l'un des sujets que m'a proposé José.

Sinon, j'ai franchement du mal avec l'espagnol (comme se plaisait à me le rappeler Monica), pas tant pour le comprendre (je peux capter des bouts de phrases), mais surtout pour formuler des phrases correctes. Et c'est très vexant quand on essaie tant bien que mal de parler l'espagnol et que votre interlocuteur vous répond avec un anglais presque aussi approximatif. Pour l'instant ma fierté est d'avoir réussi à demander du liquide vaisselle (jabón [*] de lavavajilla, fallait le savoir) à l'hypermarché...

Au niveau de l'ambivalence espagnol/catalan, Daniel m'a un peu éclairci le schmilblick. Dans toute la catalogne, il est enseigné à l'école, en même temps que l'espagnol, mais c'est le premier qui est la langue maternelle. Si les catalans n'aiment en général pas parler l'espagnol, c'est pour lui essentiellement politique, et va de pair avec le caractère indépendant de la région vis à vis du pays. Mais de fait, lorsqu'ils voient un étranger comme moi baragouiner péniblement quelques mots d'espagnols, ils tolèrent :-)

En tous cas, ça m'arrange bien, car c'est vraiment totalement différent. Tout au plus, quand je l'entends cela me donne l'impression que c'est de l'espagnol, mais pour lequel cette fois je ne comprends aucun bout de phrase. À la lecture, par contre c'est effectivement assez proche du français, typiquement j'aurais dû écrire "matemàtiques" dans le sous-titre de mon blog.

Pour finir, une petite anecdote qui m'est arrivée aujourd'hui. Mais d'abord, je dois vous parler du CRM. C'est un centre de recherche indépendant de l'université, un peu comme l'IHP à Paris, mais avec uniquement des maths. Les locaux font partie intégrante du l'UAB (contrairement à l'homologue français). Je pense que cela explique en partie l'aspect "plateforme internationale" du département : il y a toujours des gens de passage pour plus ou moins longtemps (plus que dans les laboratoires que j'ai pu voir en France).

Je reviens à mon anecdote. Au déjeuner, José me présente deux de ses collègues, également de passage à Barcelone. Parmi eux figurait Maria Schonbeck, professeur en Californie, originaire d'Argentine. Après le repas, lorsqu'on s'est retrouvé seul avec José, il nous sort : "She's Ron Diperna's widow". Ça ne vous fait probablement rien, mais Ronald Diperna, c'est un peu une star des maths qui a écrit une série d'articles désormais classiques avec Pierre-Louis Lions (médaille Fields 1994).

Le monde mathématique est petit, c'est sûr.

[*] À ne pas confondre avec jamón, comme je l'ai fait en demandant mon liquide vaisselle...

lundi, février 22 2010

Blog, DifficultJet et arrivée


Bon je me décide à faire un petit blog pour tenir au courant ceux d'entre vous que ça intéresse.

Évidemment, "auberge égyptienne" c'est un peu beaucoup (pour ceux qui n'ont pas compris la référence ça se passe ici) pour deux mois de séjour sachant que je suis logé tout seul dans un grand (énorme) studio, mais bon vu le nombre de personnes qui sont censées venir me rendre visite, mon petit logement va effectivement ressembler à une auberge.

Mon arrivée s'est passée presque sans encombre. Je dis presque parce que j'ai failli être victime d'une énooorme blague d'EasyJet.

Sur mon billet électronique, il y était inscrit, : "au plus un bagage à main par personne, blabla [...] ". Ce n'est pas la première fois que je fois cette consigne, mais comme j'avais mon sac à dos et mon ordinateur portable et que je préfèrais ne mettre ni l'un ni l'autre dans la soute, je me suis dit que j'allais tout de même tenter le coup (ce que je fais à chaque fois). Ça passe comme une lettre à la poste et l'enregistrement se déroule sans encombre (pas un mot de l'hôtesse sur le fait que j'ai deux bagages à mains).

C'est au moment de l'embarquement que l'humour du personnel d'EasyJet (ou plutôt de la direction, de manière indirecte) entre en jeu.

Au moment du dernier contrôle d'identité (avant la passerelle magique qui mène à l'oiseau en fer), l'hôtesse m'explique gentiment que je n'ai droit qu'à un seul bagage à main. Je lui explique qu'à l'enregistrement on ne m'a rien dit et que, de toutes façons le fait est là : j'en ai deux. Et l'hôtesse de m'expliquer: "Je vous laisse vous débrouiller, mais vous n'entrerez qu'avec un seul sac". En gros, elle me demande de faire rentrer l'un dans l'autre. Je rappelle que j'avais un sac à dos et une sacoche d'ordinateur portable. C'était bien évidemment impossible. Devant mon air dubitatif (qui aurait été sensiblement le même si elle m'avait demandé de parler en chinois pour rentrer dans l'avion ou je ne sais quelle absurdité) elle ne se dégonfle pas : "Sinon, vous ne prendrez pas votre vol". Je me retourne et je me contente de serrer les lanières de mon sac à dos autour de ma sacoche d'ordinateur. Ça n'avait pas vraiment l'aspect d'un bagage à main, mais au moins c'était connexe. Je retourne à la passerelle, pour m'entendre dire "Ça ira, mais vous le gardez comme ça! Et faites attention, on peut vraiment rater son vol à cause de ce genre d'incidents".

Je me dirige alors vers l'avion en aggripant comme je peux cette fusion improbable des deux sacs.

Je ne comprends pas comment on peut en arriver à donner de telles consignes, et surtout les appliquer aussi bêtement. Si il n'y avait pas mon vol en jeu, j'aurais bien voulu voir les limites de sa règle. Comme par exemple de savoir si le contact des deux bagages était suffisant pour n'en compter qu'un seul.

Alors méfiez-vous la prochaine fois que vous volez pas cher !

Bref, je suis finalement arrivé à Barcelone et le logement qu'on m'offre est vraiment nickel. C'est neuf et il n'y a rien à comparer avec les logements proposés aux invités à Cachan (mais le prix non plus sûrement). J'essaierai de poster quelques photos.

Bon je vais m'arrêter là, c'est déjà très long pour un premier billet !