Hier soir, je me suis tapé l'incruste dans un dîner. Bon, en vrai ça n'avait rien de ça car j'y étais grâce à Manu, le cousin de Philippe qui habite ici, depuis près de 9 ans je crois. C'est juste qu'en arrivant, deux personnes s'occupaient déjà de faire la cuisine et une troisième nous servait des tapas ! Je remercie vraiment Manu car ce ne fut rien de moins que ma première immersion sociale dans la vie barcelonaise. Du coup j'ai pu travailler mon espagnol (un peu). C'est fou comme le fait d'apprendre une langue donne vraiment la sensation de découvrir une autre culture. Ce que je vais dire est sûrement d'une banalité sans nom mais en dehors de l'aspect utilitaire de la langue (comme moyen de communication), je trouve que ça aide vraiment à comprendre et apprendre une nouvelle culture, presque autant que le fait de vivre dans le pays en question. Je dis ça parce que je me souviens qu'au Caire il pouvait arriver que des "expat'" n'apprennent pas un mot d'arabe, too bad pour eux.

Pero volvemos a nos borregos (oula, il est sorti tout seul celui-là). Notre hôte est Franz, un belge qui a vécu dans pas moins de 10 pays différents (incluant l'égypte !), et qui est installé à Barcelone depuis 5 ans. L'ambiance est assez cosmopolite (allemano-hollando-franco-catalano-egypto-belge pour être exact), mais vraiment très sympa.

À un moment donné, comme cela m'arrive très souvent lorsque je rencontre des gens à l'occasion d'un dîner ou d'une fête, j'ai été contraint d'avouer une de mes habitudes alimentaires : "Et non, je ne bois pas d'alcool". Je m'attendais déjà à recevoir la pluie habituelle de remarques : "Ah bon ? Jamais ? Mais genre ... jamais, jamais ?", "Et du coup, tu n'as jamais été saoûl ??" et tutti quanti ... C'est pas grave, en 8 ans j'ai appris à répondre de manière semi-automatique : "alcool ... lubrifiant social ... pas une nécessité ... le rire probablement découvert avant la cuite ... et puis tradition ... peut-être qu'un jour j'essaierai ... blabla". Mais cette fois-ci je n'ai pas eu besoin de mon artillerie explicatoire. Certaines de mes réponses sont même apparues toutes seules dans la bouche de mes interlocuteurs. Mais, car il y a un mais, quand j'ai annoncé mon deuxième axiome (qui va pourtant souvent de pair avec le premier) : "Je ne mange pas de porc", là par contre il n'était plus question de tradition ni de quoi que ce soit ! Il fallait à tout prix que je goûte le "jamón" de je ne sais plus quel région et l'élan de compréhension qui avait précédé avait soudainement disparu. C'est marrant comme en France c'est plutôt l'inverse. Le fait que quelqu'un ne mange pas de porc est plus ou moins acquis, mais ne jamais boire une goutte d'alcool ça épate vraiment plus. Je pense que c'est à mettre en parallèle avec le comportement, souvent contradictoire [*], de personnes de confession/tradition musulmane : je bois de l'alcool, mais je ne mange pas de porc (j'ai pas souvent vu l'inverse). Je ne sais pas pourquoi certains aspects de la religion se transforment plus facilement en tradition que d'autres (le jeûne durant ramadan, ça m'a aussi l'air d'être le cas).

Vale, comme ils disent ici, je vais faire du ménage et profiter du beau temps !

[*]: Je ne m'exclus pas de cette classe de comportement ! De manière générale je dirais que les traditions sont peu (jamais) rationnalisables et conduisent à des comportements parfois absurdes.