Ouuuuula, un bon moment que je n'ai rien posté ! Et pourtant il s'est passé un certain nombre de choses depuis la dernière fois. Du coup je ne sais pas par quoi commencer. Peut-être par le coup de la carte de séjour, c'était quand même rigolo.

En bon citadin que je suis, la vie sans téléphone portable m'est rapidement devenue difficile et je suis donc allé m'acheter un numéro. Je ne vais bien sûr pas le laisser sur ce billet, mais sachez qu'ici un plan drague de lascar commençerait se terminerait par "Dame tu seis?". En allant manger chez Meson David (un bon ptit resto qu'on ma conseillé, merci Alexis et Anne !), j'avais repéré une petite boutique "PakPak" qui faisait justement dans le telecom bon marché. Après un rapide échange en espagnol approximatif (autant lui que moi), je découvre que mon interlocuteur pakistanais parle arabe, un arabe un peu spécial mais ça nous a permis d'avoir plus de vocabulaire en commun. Il baragouinait aussi un tout petit peu de français. Donc on a continué à converser en franco-arabgnol, jusqu'à qu'il me demande une pièce d'identité pour pouvoir me faire mon numéro. Je lui sors ma carte d'identité française, celle qui date de 2001, qui sent bon le consulat du Caire et sur laquelle je ressemble à Roger Hanin aux dires de certains. Il la regarde, la retourne et la reregarde, mais il n'est pas convaincu. Il me lance un "Artéséjour" et ce n'est que quand je lui demande de répéter que je comprends que je suis en train de me faire demander ma "carte de séjour en France" par un Pakistanais qui vit en Espagne. Je lui explique que "je suis français" (dédicace au Cairottes) et que ça, c'est ma carte d'identité. Il sourit, toujours aussi peu convaincu et accepte finalement de m'attribuer mon numéro. J'aurais aimé pouvoir immortaliser toutes les réactions que les gens ont pu avoir face à cette carte d'identité. De l'examinateur des oraux des Mines qui m'avait sorti (en prenant un accent arabe) "Elle vient du pays celle-là !" en 2003, en passant par les caissières franprix et FNAC qui la recopiaient dubitatives quand je payais par chèque, jusqu'à ce contrôle d'identité pakistanais d'il y a 10 jours. Ma carte d'identité "en carton" n'a plus qu'un an de validité, après ça j'en aurais une toute plastifiée et asceptisée et on ne me regardera plus bizarrement (il me reste ma couleur de peau hein, quoique...).

Sinon, la semaine dernière, Jésus (un thésard du labo) nous a invité à un barbecue chez un ami à lui. Ça se passait dans une grande maison de famille, en périphérie de la ville. Idéal pour ce type de journée ! En plus, en ce moment c'est la saison des "calçots". Mais qu'est-ce donc qu'un calçot ? Alors, en gros, vous prenez des bulbes d'oignons tout juste arrachés de la terre, vous les mettez au dessus de la braise (avec la terre et tout) :

Calçots

et vous les laisser cramer une quinzaine de minutes de chaque côté:

Calçots qui grillent

Après, ça se mange en accompagnement de la viande également grillée avec la braise. Vous tirez un coup sec par le bas et là c'est magique : il ne reste que l'intérieur du bulbe qui a eu tout le temps de fondre. Vous trempez ça dans une sauce orangée épicée et miam. C'était vraiment sympa cette journée du coup, et ça a été une occasion de rencontrer d'autres espagnols.

Une américaine, Alicia, également en séjour au labo, était de la partie. Alors qu'on discutait, il s'est passé un truc assez étrange qui m'a rappelé à quel point d'une langue à l'autre un même mot peut-être particulièrement violent. On discutait littérature et José Alfredo (un chercheur du labo) nous parlait d'un livre d'Agatha Cristie qu'il ne me semblait pas avoir lu: And Then There Were None. Mais comme il nous décrivait l'histoire, je me suis aperçu qu'il parlait en fait des 10 petits nègres. Et c'est à ce moment là qu'il me dit (nous parlions en anglais): "Yeah, the title changed in the USA, it used to be called Ten Little Niggers". Là-dessus Alicia a juste sorti un "This is really a bad word" ou quelque chose dans le genre, et est partie s'occuper de la braise car elle ne pouvait vraisemblablement pas supporter une discussion là-dessus. José Alfredo m'expliqua alors qu'il avait déjà essayé d'en parler avec elle hier et qu'elle avait réagi de la même manière. Le mot "nigger" pèse apparemment trop lourd dans la culture américaine (je réalise que je généralise extrêmement en disant ça). C'est marrant parce qu'autant en arabe (du moins, en Égypte) je peux tout à fait imaginer cette situation (une jeune fille qui s'éloigne parce qu'elle entend des mots qui ne lui plaisent pas) autant en français ça m'a l'air plus dur à réaliser. De manière plus générale, en Égypte les gros mots sont en général proscrits dès qu'on est dans un cadre un tant soit peu formel (en face de quelqu'un de plus âgé que nous, en face des parents), alors qu'en France j'ai l'impression que les gens sont plus relax (qui n'a prononcé le mot "putain" devant ses parents me lance la première pierre).

Toujours en parlant de vocabulaire, j'ai appris à mes dépends que le mot "promiscuity" est un vrai faux-ami. Alors que la racine latine est évidemment la même qu'en français, il faut le comprendre dans le sens coucher avec tout le monde/avoir plusieurs partenaires alors qu'en français la "promiscuité" est plutôt synonyme de proximité entre individus d'une même population. La promiscuité peut donc être la cause de la promiscuity, mais les deux sens ne sont clairement pas équivalents ! Il faut que je revoie mon interprétation de la chanson éponyme de Manu Chao ..

Je m'arrête là et j'essaierai de poster plus souvent, là ce n'est pas vraiment de ma faute, j'ai du me retaper un aller-retour sur Paris pour cette "audition" du CNRS.